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Le Grand Tour du Costabona

Le Grand Tour du Costabona (Gran Volta al Costabona) est un itinéraire de 31 km, réalisable en deux jours. Il parcourt une grande zone qui inclus presque tous les milieux présents dans le Parc Natural des Capçaleres del Ter i del Freser et dans la Réserve Naturelle de Prats de Mollo la Preste: la ripisylve, le fond de vallée, les forêts de hêtres et de pins, les prairies alpines ou un sommet, entre autres. Pour cette raison, la diversité de la faune et de la flore est remarquable. Finalement, l’itinéraire permet de profiter d’un des plus beaux paysages des Pyrénées-Orientales, de la mer jusqu’aux Pyrénées cerdanes, avec la présence imposante du Massif du Canigó.

Le parcours a deux points de référence, les deux refuges, qui peuvent être, l’un ou l’autre, le départ de la randonnée. Depuis le versant français, à partir du Refuge des Conques, vous marcherez vers le sud, du côté est du Costabona. Depuis le versant catalan, au départ du Refuge Els Estudis, vous marcherez vers le nord, du côté ouest du Costabona.

S’agissant d’une randonnée de haute montagne, nous vous conseillons de faire attention à l’équipement à prendre:

Chaussures pour une randonnée de 31 km et chaussettes de qualité (aussi importantes que les chaussures, voire plus), bâtons de marche, sac à dos et housse, système d’hydratation, coupe-vent, gants, tour de cou, lunettes de soleil, casquette pour le soleil et veste imperméable, couverture thermique, frontale ou lumière avec des batteries bien chargées, prévision d’aliments pour la journée, en-cas, pharmacie (pansements, y compris pour ampoules, antiseptique…), téléphone portable et chargeur. Nous vous conseillons d’avoir téléchargé et activé l’application Safe 365. Évidemment, étant donnée la beauté des secteurs à parcourir, il est très utile d’avoir un appareil photographique.

SENS SUD-NORD

(versant ouest du Costabona)

Itinéraire sud-nord: c’est l’itinéraire le plus long, avec une distance et un dénivelé majeurs. C’est aussi l’itinéraire qui traverse le plus de diversité de paysages et d’habitats.

Distance: 17,31 km
Dénivelé positif: 1.481 m
Point le plus haut: Cim de Costabona (2.464m)

Points d’eau:
• Source de Fra Joan, au flanc du Costabona, près du refuge non gardé du même nom.
• Sources du Tec, qui sortent de terre.

Pour s’abriter en cas de mauvaise météo:
• Refuge non gardé du Costabona (2168 m), à mi-flanc de la montagne, près de la source de Fra Joan.
• Refuge non gardé de la Portella de Rojà (2377 m), juste avant d’arriver à la Portella (versant sud).

Refuge d’Espinavell

Le bâtiment d’Els Estudis date de 1936, quand il y a eu le déménagement de l’ancienne école d’Espinavell à ce nouvel endroit. Il a été construit par les habitants eux-mêmes, avec des journées de prestation. Il était à l’origine d’un seul niveau et a été fonctionnel jusqu’à la fin des années 60. De manière à mieux en profiter, un deuxième étage a ensuite été construit pour y mettre des lits superposés et pouvoir héberger des groupes. Mais ce n’est qu’en 2013 qu’il fut vraiment restauré et depuis, il est ouvert comme refuge communal.

Refuge Els Estudis et Costabona

Espinavell est un petit village de montagne sur le flanc de col Pregon, à 1250 m d’altitude ; il se trouve dans la partie nord-orientale de la comarca du Ripollès et fait partie de la commune de Molló. Frontière naturelle et historique entre les terres catalanes et françaises (village de Prats-de-Mollo-la-Preste, Haut Vallespir), son relief est varié et riche en sommets, crêtes et ruisseaux, avec la source de la rivière Ritort, affluent du Ter à hauteur de Camprodon. Comme toute la vallée, émaillée de villages et de hameaux à proximité des cours d’eau, cette zone a une forte tradition rurale.

Depuis le refuge, en montant par la rue d’Avall, on découvre l’église “de la Mare de Déu de les Neus”, la Madone des Neiges. Ce bâtiment de style rustique, construit sur le plan de la croix latine, comprend une chapelle latérale, un abside semi-circulaire et un clocher carré attaché. L’église a été construite au XVIIe siècle. Elle est inscrite dans l’inventaire du Patrimoine Architectural de la Catalogne. L’église donne nom et lieu au village et en est le point central. Autour d’elle, des maisons se sont organisées le long de quatre principales artères, appelées simplement selon leur orientation (points cardinaux) : rue d’Ença (l’ouest), rue d’Enllà (l’est), rue d’Amunt (le nord) et rue d’Avall (le sud).

Chapelle de la Mare de Déu de les Neus

Suivre la rue d’Avall jusqu’aux dernières maisons du village. À la dernière maison, prendre le chemin en suivant les balisages du GR (rouge et blanc), et traverser le parc à bétail.

Après quelques virages, le chemin mène à une piste de terre, dans une zone ouverte où une abondance de genêts révèle d’anciennes terres agricoles actuellement abandonnées.

Continuer à monter sur cette piste. Après 120 mètres, au croisement de pistes, quitter le GR, qui se dirige à droite en direction du col Pregon, et poursuivre dans cette direction.

Sur la gauche, des frênes, souvent plantés par les agriculteurs en raison des qualités de ce bois. Flexible et résistant, il ne se brise pas facilement et servait traditionnellement à fabriquer des manches d’outils. Ses feuilles nourrissaient le bétail et son écorce a des vertus médicinales : anti-inflammatoire, diurétique et laxatif.

Murs de pedra seca

Au mur en pierres sèches, sur la droite, ignorer un chemin qui mène au Pedró de Sant Joan, protecteur du peuple.

Plus tard, au carrefour de pistes, le sentier de droite va vers le haut du col de Roures, un espace ouvert où il y a un élevage de bétail. Il faut aller tout droit, par le chemin plus facile qui continue sur la gauche et une vingtaine de mètres plus tard, le quitter pour prendre la direction de Maçanells vers la droite.

Inici del Camí de Maçanells

Suivre un bon moment un mur en pierres sèches très bien préservé sur la droite.

Ces constructions ont été faites sur les bouviers afin de séparer le bétail qui passait des champs adjacents. Ces murs sont très importants parce qu’ils sont un refuge pour la faune et un lieu de nidification, notamment pour le passereau, un petit oiseau qui fait son nid dans des cavités telles qu’on peut en trouver dans les murs de pierres sèches.

On trouve également sur ces murs de pierres sèches une végétation typique des zones rocheuses comme l’herbe picotera ou polypodie, une petite fougère des endroits humides.

Banc

Un filet barre le chemin en entrant sur les terres communales. Il faut l’ouvrir pour continuer et refermer tous les grillages électriques après son passage. Juste de l’autre côté du filet, il y a un grand banc en bois, et une passerelle permettant de traverser cette zone humide.

Plus tard, un autre pont enjambe le petit ruisseau de Maçanells et un banc se situe juste au-dessous d’une épinette.

A partir d’ici, la route devient un sentier qui monte d’abord par le rocher pour continuer avec une forte pente dans les anciens pâturages, actuellement couverts de genêt et de genévrier.

Le genêt est le premier à coloniser les champs abandonnés, ainsi que d’autres arbustes tels que le genévrier. Cela illustre le déclin de l’agriculture et de l’élevage dans ces territoires de montagne. Les anciens pâturages et les terrasses d’exploitations se transforment progressivement en buissons et fourrés, puis en forêts.

En fait, la majorité des forêts que l’on peut observer dans la vallée est relativement jeune (moins de cent ans) et est le résultat de cet abandon de la terre. Ces arbustes sont un habitat idéal de certains oiseaux tels que “les coxes” et les pinsons qui trouvent dans ces milieux des insectes pour se nourrir.

Poursuivre vers le nord, en laissant les sentiers de vaches qui coupent le chemin perpendiculairement. En grimpant, les buissons disparaissent pour faire place à des zones plus ouvertes où le chardonneret et le chardon fausse carline abondent, deux espèces de chardons très abondantes dans les zones de pâturages ouverts. Atteindre le col de Maçanells, au sommet de la crête, en suivant le balisage du GR.

Arribant al Coll de Maçanells

Col de Maçanells

Le col de Maçanells est un espace ouvert avec une végétation riche qui comprend plusieurs orchidées visibles pendant les mois de juin et juillet. La période de floraison dans ces climats froids est généralement courte et les plantes se sont spécialisées dans les formes et les couleurs vives pour attirer les insectes et assurer la pollinisation.

Après le col, il faut continuer vers le sommet, sur la gauche, dans la direction nord-ouest, à travers une piste, souvent boueuse. Ce chemin traverse des pâturages ouverts avec des bosquets de pins noirs. Au col Pany, une grande prairie, et au bout de la colline, le balisage du GR conduit à un ensemble de chemins parallèles qui descendent rapidement vers le col de Siern.

C’est un point de référence de la crête où plusieurs chemins traversent la frontière.

Après le col, un sentier raide pénètre dans les pinèdes et s’ouvre de temps en temps sur des espaces ouverts de pâturage.

Carena

La présence de pinèdes noires définit l’étage subalpin et on les retrouve dans différents milieux : zones ombragées et fraîches, soulanes rocailleuses, crêtes et même tourbières. Les pins noirs peuvent cotoyer des forêts de hêtre et de pin sylvestre. Cette essence est très résistante aux conditions climatologiques extrêmes, comme la présence de neige, les gelées persistantes et les forts coups de vent. Son aspect peut varier en fonction des conditions dans lesquelles elle se trouve. On peut ainsi trouver des individus au tronc haut et droit qui forment des forêts bien protégées du vent, et des arbres solitaires avec une forme tordue et presque collés au sol dans les zones de forte exposition au vent. Souvent, les communautés végétales de pins à crochets se mélangent avec du rhododendron, du buis, du genévrier, de la myrtille et diverses plantes herbacées et mousses.

La faune associée à cet habitat est diverse et, à faible altitude, est similaire à celle que l’on trouve dans les forêts de l’étage montagnard (souris, campagnol, petit carnivore, sanglier, chevreuil…). Il y a une grande variété d’invertébrés omnivores et détritivores, comme la fourmi rousse et de nombreuses espèces de scarabées et papillons inféodés au pin. On rencontre également une abondance d’oiseaux, certains très caractéristiques comme le grand tétras, la chouette de Tegmalm, le merle à plastron, le roitelet huppé ou le grimpereau des bois.

Continuer de suivre le balisage du GR. Au-dessous, on peut voir le Pla del Turon et plus tard le Rock homonyme. Sous ce rocher, se trouve la mine Turon, d’où différents matériaux ferreux et surtout le molybdène ont été extraits.

Datée de 1889, il n’y a plus actuellement qu’une galerie à moitié ruinée et une grande zone avec des débris.

Mina Turon

Mina Turon

Géologiquement, la région de Costabona est riche en minéraux rares. C’est parce qu’il s’agit d’une zone d’intrusion de roches ignées pénétrant dans les fissures et que, en raison de leur température élevée, elles métamorphosent les roches qui les entourent. Ce type de phénomène s’appelle skarn. Les premières opérations minières ont été réalisées à la fin du XIXe siècle dans le but de trouver de l’arsenic, mais contrairement aux mines de Queralbs ou de Setcases, on n’en a pas trouvé. D’autre part, il y avait d’autres métaux rares tels que le zinc et surtout le wolfram et le molybdène, des métaux considérés d’intérêt militaire élevé puisqu’il permettait des alliages et de renforcer l’acier pour la fabrication d’armement.

A présent hors de la forêt et au milieu des prairies, on se trouve à environ 2000 m d’altitude. Les quelques arbustes rencontrés sont de plus en plus petits et bien adaptés aux dures conditions climatiques de froid, neige et vent. La zone alpine est l’habitat d’oiseaux comme le traquet motteux, le pipit spioncelle ou l’alouette des champs qui cherchent leur nourriture dans les prairies. Le sentier est de plus en plus raide, jusqu’à être pratiquement à la verticale.

Devant le Costabona, prochain objectif. Plus loin, profiter de nouvelles vues, avec le massif du Canigó en toile de fond – le pic lui même s’entrevoit à peine – et les Esquerdes de Rojà.

De ce point, observer le versant sud-est du Costabona, dans le Haut-Vallespir. La piste en zig-zag monte aux anciennes mines, qui sont exploitées pendant les années 1930 et 1940 et surtout pendant la Deuxième Guerre Mondiale, par les militaires allemands. Ces derniers installent des rails pour transporter les wagonnets avec le précieux wolfram. Ce métal est très résistant et on l’utilisait pour la construction des tanks et cuirassés.

Crête du Costabona

Après cette forte montée par la crête, trouver une marque verticale jaune. Le refuge non gardé du Costabona se situe juste au dessus de la mine de Fra Joan. Aujourd’hui fermée, cette petite mine d’une unique galerie est jadis exploitée pour le molybdène (comme la mine Turon). Une fois abandonnée et avant l’existence de l’actuel refuge, elle est utilisée comme abri et sans doute s’y cachent des maquisards et contrebandiers (“estraperlistes”) fréquentant ces terres frontalières.

Avancer vers la droite en montant en direction du sommet, tout en laissant le sentier du col del Pal qui part tout droit et qui contourne les Terrelleres, un pierrier chaotique qui se détache du Costabona. En cas de mauvais temps, sur ce chemin se trouve le refuge non gardé du Costabona, un abri parfois bien utile. Plus haut, au Pla de la Serra, il n’y a plus de végétation, à l’exception de quelques herbes et buissons, et commence ici le spectacle de roches ferrugineuses et verdâtres. Au Pla de la Serra convergent les chemins de transhumance des troupeaux.  Se reposer un peu pour retrouver son souffle et profiter de la vue.

Refuge libre du Costabona

Continuer à monter dans ce paysage presque lunaire. Un ensemble de pieux avec la pointe jaune conduisent vers le sommet. Si on les perd, il faut seulement regarder en haut et continuer à marcher. La récompense est une vue incomparable après avoir fait plus de 1200 m de dénivelé.

Sommet du Costabona

Un bon moment pour pique-niquer !

Atteindre ce sommet mythique de 2465 m, à cheval entre la vallée du Ter (Ripollès) et du Tec (Haut Vallespir), nous offre des vues merveilleuses. Au nord : le Canigó, à l’ouest : le cirque d’Ulldeter (Pic du Géant et Gra de Fajol) et à l’est : la baie de Roses et la plaine du Rosselló.

Vue depuis le Costabona

D’ici, observer l’itinéraire à suivre par la Coma del Tec jusqu’aux Esquerdes de Rojà. L’absence d’arbres fait que tout le parcours apparaît très clairement. Après avoir repris des forces et profité du paysage, commencer la descente vers l’ouest jusqu’au deuxième sommet, et d’ici vers le col del Pal (2318 m). Remarquer les grands cairns dans cette partie de descente, exemplaires uniques de la zone jalonnant le chemin à suivre. Une fois au col del Pal, point de passage de la Méridienne Verte, continuer à marcher dans la même direction sans gagner en altitude, tout en allant légèrement vers la droite (NO), sur le sentier des sources du Tec.

Cairns du Costabona

Descente du Costabona vers le Coll del Pal

Naissance de la rivière Tec

Ici refaire ses réserves en eau claire sortant directement de la terre.

Cette rivière du Vallespir naît en versant nord des Pyrénées, dans les entrailles de Roca Colom, et parcourt la direction ouest-est, vers la mer Méditerranée. Elle prend l’eau du versant sud du Canigó et des collines plus côtières comme l’Albera et les Salines.

Naixement del Tec

Au début de son parcours, les sources créent une ambiance humide avec de nombreux bas-marais et tourbières de grand intérêt écologique, des habitats fragiles et très importants pour la biodiversité. Ce sont non seulement des  accumulations d’eau, mais aussi de matière organique. Ensuite, ces eaux se retrouvent dans les cours inférieurs ; il ne faut pas l’oublier!

La Coma del Tec est l’habitat de l’isard. Animal emblématique des sommets pyrénéens, herbivore agile et spécialement adapté aux reliefs escarpés, il peut souvent être observé en hardes de plus de 30 individus. Il est possible aussi d’y voir le lagopède alpin (la perdrix des neiges), quoique très farouche et rare. Aujourd’hui sa population est très réduite ; les suivis effectués dans le secteur montrent qu’elle est en régression. Cet oiseau végétarien habite au-delà de 2000 m d’altitude et change de couleur de plumage en fonction de la saison : en hiver, il est blanc comme la neige et en été, il est gris et marron comme les terrains qu’il occupe. Au printemps et à l’automne son plumage est de couleur intermédiaire.

Perdiu blanca

Ensuite, suivre, en contournant par dessous la Roca de la Mort de l’Escolà, le chemin de la Portella de Rojà. Sur ce tronçon, une congère de neige provenant de la corniche hivernale peut s’attarder jusqu’au début du mois de juillet. Un peu avant d’arriver à la Portella, se trouve le refuge métallique du même nom. En cas de mauvais temps, c’est un abri à ne pas oublier. Pour faire la traversée plus tranquillement, passer la première nuit ici.

Refugi de la Portella de Rojà

Portella de Rojà

La Portella de Rojà est un endroit très spécial. D’ici, le Costabona est majestueux et la Coma del Tec très profonde. Un affleurement de roches blanches constituées de quartz surgit. Ce sont les Esquerdes de Rojà. De l’autre côté de la Portella, s’ouvre la montagne de Rojà, pâturages d’estive pour les juments et les vaches depuis des temps immémoriaux.

Costabona versant ouest

Portella de Rojà

L’élevage traditionnel a été associé à la transhumance, c’est-à-dire aux déplacements pour la recherche de terres enherbées disponibles. Pendant l’hiver, les troupeaux restent dans des zones basses, dans les vallées, près des villages et se déplacent dans certains cas, du Ripollès à la plaine de l’Empordà. Avec l’arrivée du beau temps, quand la neige des sommets a déjà fondu, autour de la Saint-Pierre, le bétail transhume vers la montagne pour passer l’été au frais et s’alimenter de l’herbe nutritive des alpages. Généralement les troupeaux descendent de la montagne vers la Saint-Michel, au mois de septembre.

Juments devant la Coma du Tec

Ces déplacements sont associés à un ancien réseau de sentiers d’élevage que préserve, encore de nos jours, le droit de passage. En outre, sur leur chemin, subsistent des équipements comme des abreuvoirs ou des reposoirs.

Avec la transhumance estivale, dans les terres basses, les champs de culture sont exempts d’animaux et disponibles pour les faucher ou les moissonner et ainsi stocker de la nourriture pour résister à l’hiver. Autrefois, c’était surtout de grands troupeaux de brebis du Ripollès, gardés par des chiens de protection, accompagnés par des bergers et des aide-bergers (qui vivaient dans des cabanes en pierre), qui occupaient ces pâtures de haute altitude. De nos jours, il est plus fréquent d’y trouver des juments et des vaches.

Une foire traditionnelle associée à cette activité se perpétue à Espinavell. La Tria dels Mulats est célébrée chaque 13 octobre depuis des temps immémoriaux, peut-être même est-elle plus ancienne que les droits de pacage des bergers d’Espinavell sur la montagne de Rojà (Conflent), déjà reconnus par les Actes du Traité des Pyrénées (1659). Cette foire équine est célébrée quelques jours après avoir descendu le bétail de la haute montagne. A l’aube, les éleveurs vont chercher les troupeaux de juments et les petits nés au printemps et les mènent vers les plaines d’Espinavell. Les acheteurs de bétail peuvent choisir et négocier le prix des poulains. Cette foire a gagné en popularité et attire un large public pour contempler la descente de ces animaux majestueux.

En traversant la Portella de Rojà, prendre le sentier qui mène au Canigó (NE), avec son pic maintenant bien visible. Celui qui, vu du Costabona, pouvait sembler impossible à suivre se révèle maintenant être un chemin calme et confortablement herbeux. Suivre le chemin qui monte juste à côté des rochers imposants, balisé de marques rouges et jaunes (Tour du Haut-Vallespir). Longer le fil électrique qui délimite les pâturages. La tranquillité du parcours  permet d’admirer la grandeur du paysage. Surveiller le fil, qui sera toujours fermé, sans aucun passage.

Sentier du Canigó

Signalisation du Tour du Vallespir aux Esquerdes de Rojà

Esquerdes de Rojà

Tout en suivant le fil

Ne pas prendre un premier passage. Le second est le point où on traverse les Esquerdes (E) pour commencer la descente vers le refuge de Les Conques.

Ras del Garber

En traversant le Ras del Garber, la vue sur le Costabona est imposante. Au fur et à mesure de la descente, la végétation devient plus abondante jusqu’à se retrouver en forêt. Il y a beaucoup de pins et l’odeur de la résine chaude emplit les narines. Autrefois, le bois de ces forêts était apprécié et utilisé pour la construction (poutres et planches), le chauffage (bois ou charbon de bois) ou même pour obtenir de la térébenthine. La gestion des forêts est ancienne et, il y a quelques siècles, ces hautes vallées du Ripollès et du Haut-Vallespir ont fourni du bois aux régions de Girona et du Roussillon (de nombreux palais gothiques datant du XIVe siècle ont été construits avec du bois de ces montagnes).

Cara nord del Costabona des de Ras del Garber

Suivre le balisage jaune conduisant vers le col de Baix et au refuge de Les Conques, quoique le chemin soit bien débroussaillé et que l’on ne puisse pas se perdre.

Au Pla de les Eugues – dont le nom vient des juments (eugues, en catalan) qui y pâturaient traditionnellement en été avec leurs poulains après avoir passé l’hiver au fond de la vallée – contourner ce champ ouvert et retourner ensuite dans la forêt. La descente est facile jusqu’au col Baix. De là, tourner à gauche (direction est) pour descendre parmi les arbres, par un sentier qui mène au refuge de Les Conques, terme de la  première journée.

SENS NORD-SUD

(versant est du Costabona)

Itinéraire nord-sud: c’est l’itinéraire le plus court, avec peu de distance et de dénivelé. Il est composé de paysages plus forestiers et humides et d’habitats de grand intérêt.

Distance: 13,75 km
Dénivelé positif: 732 m
Point le plus haut: Collada de l’Ullat (1.719m)

Points d’eau: Vous traverserez plusieurs cours d’eau, mais ce ne sont pas tous, à proprement parler, des sources.

PossibPour s’abriter en cas de mauvaise météo: Refuge non gardé de la Cabane de l’Ullat (1630m). Construction traditionnelle en dur.

Refuge des Conques

Le bâtiment a été initialement construit au milieu des années soixante, au siècle dernier, pour abriter les services de la station de ski des Forquets. Cette petite station de ski avait comme objectif d’unifier les villages de Prats-de-Molló-La-Preste, Py et Mantet ; mais ces deux derniers n’ont jamais réalisé leur part du projet. Ainsi, les Forquets sont restés une station de ski locale qui a formé toute une génération de skieurs du Vallespir jusqu’au milieu des années 90. Le manque de neige et l’impossibilité de fabriquer de la neige artificielle (comme beaucoup d’autres stations de ski à cette époque) a provoqué sa fermeture. Tous les télésièges ont été démontés et le bâtiment a été reconverti en refuge. De 2013 à 2015, il a été fermé et, après une restauration importante, il a ré-ouvert ses portes sous contrôle municipal en juillet 2015, en tant que refuge de montagne et partie intégrante du réseau des cinq refuges gardés du Tour du Canigó.

Refugi de Les Conques

Depuis le refuge de Les Conques, prendre le sentier (400 m) jusqu’au col de Baix. Au carrefour, prendre à droite, et suivre le chemin des Esquerdes de Rojà. Prendre à gauche et suivre le chemin qui contourne le Costabona par son versant oriental.  Traverser, jusqu’au col de Siern, une grande partie de la réserve naturelle de Prats-de-Molló, créée en 1986. Elle comprend 2185 hectares de terres escarpées, depuis les sources du Tec jusqu’au Pla Guillem, au sud-est.

À la sortie des Conques

Rapidement, laisser la pinède pour traverser une prairie avec du genévrier et du genêt à tige carrée dont les fleurs jaunes sont inodores. Ces milieux ouverts sont l’habitat de l’accenteur mouchet, du lièvre ou de la perdrix grise. Plus loin, le sentier rentre dans le vert des hêtraies et traverse un premier cours d’eau dans un environnement humide avec de la mousse et des fougères. Continuer à suivre le balisage jaune. Traverser le torrent de Roques Roges, qui descend directement des Esquerdes de Rojà et marcher milieu de la forêt humide jusqu’à une clairière sur le versant de la Serra Mitjana, d’où on distingue, de l’autre côté du clot, la cabane de l’Ullat, prochain objectif.

Vous sortez de la forêt

Forêt et rivière

Forêt humide

Forêt versant nord

Cathédrales du vert

Sentier d’Ullat

Le sentier se dirige vers le fond du ravin pour traverser le Tec, à fort débit en comparaison des eaux qui sortent de la terre à la Coma du Tec.

Traversée du Tec

Cabanya de l’Ullat

Arrivés à l’Ullat, où on trouve une vieille cabane arrondie avec un toit pyramidal et l’abri des bergers à côté, plus moderne. À l’intérieur de la cabane, il y a une cheminée et un bas-flanc en bois pour plusieurs couchages. C’est un endroit très spécial, un peu magique. Et, par mauvais temps, c’est un endroit pour s’abriter à garder en mémoire!

Cabanya de l’Ullat

De là, monter tout droit à travers les prés de la Jaça de l’Ullat. Le sentier est très évident car il faut aller vers le col qui se trouve juste au sud. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la cabane, on aperçoit le sentier emprunté, de l’autre côté du ravin, au delà du col Baix.

Arrivée au Coll de l’Ullat, juste dans la chaîne de montagnes éponyme, qui est en fait le contrefort nord-est du Costabona. À ce stade, on se trouve sur le sentier du Tour du Costabona en un jour, qui, au lieu d’aller à la source du Tec et à la Portella de Rojà, se dirige ver la baraque de la Coma del Tec et suit la Serra de l’Ullat jusqu’au col où l’on est.

Costabona depuis le Coll de l’Ullat

En descendant du col de l’Ullat vers le sud-ouest, après avoir traversé les buissons de genêt et le clot de l’Ortigar, pénétrer une pinède bien épaisse jusqu’à la Jaça de Perafeu.

Jaça de Perafeu

Le chemin passe par l’enclos utilisé pour regrouper le bétail. Après l’enclos, la piste mène aux mines du Costabona. Suivre cette piste vers le sud. Traverser le torrent qui descend du clot de la Font Negra et rentrer dans une forêt de feuillus épaisse et humide. Suivre la piste qui traverse deux ruisseaux, maintenant en direction de l’ouest. Rester vigilants car après le deuxième ruisseau et juste avant que la piste ne commence à descendre, il faut la quitter pour emprunter un petit sentier qui part à droite et qui grimpe à travers la forêt (point marqué). Le sentier traverse une hêtraie, habitat du loir gris, de la sitelle, du chevreuil ou de la genette. Les hêtraies sont des forêts qui croissent dans les zones ombragées et qui, à cause de la forte densité d’arbres et de la nécessité de chercher la lumière du soleil, poussent très droit et très haut. Ceci explique que pendant une grande partie de l’année les feuilles du hêtre ne laissent pas pénétrer la lumière du soleil au sol,  et par conséquent, il n’y a pas de sous-bois. Bien qu’il y ait des fleurs et des plantes qui se sont adaptées et fleurissent à la fin de l’hiver ou au tout début du printemps, juste avant que les feuilles de hêtres ne sortent et n’assombrissent de nouveau le sous-bois.

Jaca de Perafeu

Clot de la Font Negra

Hêtraie en bas du Coll de Siern

Un peu plus haut, la hêtraie laisse sa place aux pinèdes de pins à crochets, très près du sommet de la Serra de Finestrol. Le sentier arrive au col de Siern, où se trouvent un panneau d’information et une borne frontière.

Coll de Siern de prop

Le Parc Natural de les Capçaleres del Ter i del Freser

Le parc se trouve dans les Pyrénées de Girona, entièrement dans la comarca du Ripollès. Avec une superficie de 14 750 hectares, le parc se situe entre les villages de Planoles, Queralbs, Ribes de Freser, Pardines, Vilallonga de Ter, Setcases et Molló. En dehors des sources de ces deux rivières, il intègre également certaines zones de l’espace d’Intérêt Naturel de Serra Cavallera. Créé en 2015, le parc comprend la réserve nationale de chasse de Freser-Setcases. Ses principaux accès se trouvent dans les villages de Queralbs, Setcases et Espinavell (Molló).

Coll de Siern

De là, suivre, vers la gauche, les marques du GR (rouges et blanches) et d’Itinerànnia (jaune) jusqu’à Espinavell. Se diriger vers l’est à travers la Serra de Finestrol, en montant au col Pany, un col vaste avec de nombreux pâturages. Dans cet espace ouvert, il est possible de voir passer la buse à la recherche d’un campagnol ou mulot qui sera un bon repas pour ce rapace. Continuer le long de la crête, toujours à l’est, maintenant beaucoup plus large. Passer par le col de Maçanells et, après une descente raide, atteindre le col Pregon.

Coll de Siern

Coll Pregon

Du col Pregon, vous bénéficiez d’une vue magnifique sur le parcours réalisé.
Comme son nom l’indique, ce col  est facile et confortable. En effet, à 1535 m, c’est le point le plus bas entre la vallée de Camprodon et le Vallespir. Il n’est pas étonnant que ce col ait été témoin du passage des troupeaux sur son chemin vers les pâturages d’hiver, de muletiers, des armées, d’exilés fuyant la guerre, de contrebandiers, … Peut-être la dernière et la plus dramatique situation a t-elle été vécue en février 1939, lorsque des milliers de personnes ont traversé ce col, comme par le col d’Ares, non loin d’ici, dans l’espoir de revenir bientôt. Nous pouvons affirmer que ce col a vu la fin de la guerre civile espagnole en Catalogne lorsque les dernières troupes républicaines l’ont franchi, à l’aube du 13 au 14 février 1939, trois jours après la déclaration d’armistice.

Coll Pregon

Aujourd’hui, contrastant avec ces situations conflictuelles, le col Pregon respire la paix et la vie. La vue captivante sur le massif du Canigó, les orchidées qui couvrent les prairies de couleurs pendant les mois de mai et de juin, les grenouilles rousses qui trouvent refuge dans les étangs voisins, le bétail qui pâture dans les prairies verdoyantes pendant l’été, le vol des vautours… tout fait honneur à son nom.

En arrivant au col, changer de direction, vers le sud, et descendre vers la droite, pour suivre le sentier qui mène entre les prairies et les genêts jusqu’à un torrent à traverser. Peu de temps après, de l’autre côté d’un grand champ, sur la droite, les ruines du Casal d’en Quelet s’alignent le long du chemin. À l’autre bout du champ, une cabane accueille un berger.

Casal d’en Quelet printemps

Casal d’en Quelet automne

Une fois contourné le champ par le côté, prendre un large chemin jusqu’à Espinavell.

Espinavell

Enfin, à Espinavell, contourner le château d’eau, le long du pentu Carrer d’Amunt, qui mène à l’église de la Mare de Déu de les Neus.