Natura 2000

Natura 2000 est une politique européenne qui vise à préserver la biodiversité sur certains sites d’intérêt écologique, tout en prenant en compte les activités humaines.

Le Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson s’articule avec un site Natura 2000 intitulé « Pelouses calcicoles du Mâconnais » référencé sous le numéro FR2600972 à l’échelle européenne, et le numéro 17 à l’échelle régionale. Il compte 5 surfaces situées au niveau des deux roches de Solutré et de Vergisson, du Mont de Pouilly, du Bois de Fée (Leynes) et du Monsard (Bussières), représentant environ 160 ha.

Ces pelouses calcaires associées aux buxaies, falaises et éboulis sont inscrites depuis 2002 au titre des sites d’importance communautaire dans le cadre du projet Natura 2000.

Pelouses calcicoles du Mont Pouilly

Pelouses calcicoles du Mont Pouilly

Issues d’un héritage pastoral, les pelouses calcaires sont reconnues comme des milieux emblématiques de la Bourgogne. Elles constituent aujourd’hui des « cœurs de biodiversité » mais elles sont malheureusement fortement menacées de disparition.C’est un patrimoine naturel exceptionnel composé de plusieurs milieux allant des stades les plus pionniers comme les pelouses très ouvertes sur dalles rocheuses aux stades les plus évolués tels que la chênaie pubescente, en passant par les fourrés arbustifs:

– les milieux rocheux sont représentés par des falaises calcaires et localement les dalles calcaires ainsi que les pierriers, c’est-à-dire les zones d’accumulation de fragments de roches ;

– les pelouses calcaires sont des formations végétales rases principalement composées de plantes herbacées vivaces adaptées aux sols calcaires peu épais et secs. On les trouve sur les bords de falaises, les sommets, les affleurements rocheux, les pentes et les plateaux avec des spécificités et des richesses très diverses en fonction du sol, du relief et du contexte climatique ;

– constituent des milieux de transition entre les pelouses et les forêts. Ici, ils sont dominés par le buis ;

– sur le Mont de Leynes, des landes à callunes se développent du fait de l’existence de substrats plus acides liés à la présence de concrétions siliceuses dans la roche ;

– les forêts de feuillus, essentiellement composées de chênes pubescents, se forment ici et là mais restent anecdotiques. Sur certains sites, des plantations de résineux sont présentes.

Le relief contrasté de la côte mâconnaise et les influences méridionales offrent des conditions propices au développement de plantes présentes dans le sud de la France mais aussi, plus surprenant encore, en montagne. Au total, une trentaine d’espèces patrimoniales a été recensée.

Depuis plusieurs années ce patrimoine fait l’objet de toutes les attentions grâce à Natura 2000, mais également grâce à l’action du Conservatoire des Espaces naturels de Bourgogne qui, via des conventions avec les communes, intervient sur ces sites regroupés sous l’intitulé Entité Cohérente de Gestion (ECG) « Pelouses de la Côte Mâconnaise ».

Des pelouses en bon état de conservation mais localement menacées

Arrachage des buis sur la Roche de Solutré

Arrachage des buis sur la Roche de Solutré

Les pelouses de la Côte mâconnaise se révèlent être dans un bon état de conservation global même si elles ne représentent aujourd’hui que 25% de la superficie de l’ECG. La surface de pelouses sèches a régressé au profit des formations arbustives notamment du buis. La colonisation des ligneux a également favorisé le morcellement et la fragmentation des pelouses. Certains secteurs se retrouvent isolés « sous forme de clairières » et sont déconnectés des autres entités de pelouses.

Depuis le début des années 2000, différentes actions ont été engagées pour la conservation de ces milieux notamment au travers du Programme Life « Forêts et habitats associés de la Bourgogne calcaire » puis la mise en œuvre du Document d’Objectifs du site Natura 2000 avec l’appui du Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne.

La poursuite de la préservation de ces milieux reste nécessaire car les pelouses de la Côte mâconnaise, outre leurs intérêts intrinsèques, s’insèrent dans un réseau de pelouses calcaires beaucoup plus vaste au niveau de la région et jouent un rôle majeur de corridors écologiques. Situées à l’extrême sud de la Bourgogne, elles assurent un rôle de « charnière » entre les pelouses des Côtes dijonnaises et chalonnaises au nord et la vallée du Rhône au sud.

Garantir la préservation de ce patrimoine

L’intérêt majeur de ce secteur n’est plus à démontrer. Pour assurer la pérennité des sites des « Pelouses de la Côte mâconnaise », il est donc primordial de :

– maintenir voire améliorer l’état de conservation des pelouses ;

– favoriser la connectivité entre les secteurs de pelouses fragmentées en éliminant la végétation ligneuse ;

– accompagner et optimiser l’entretien de ces milieux (fauche, pâturage).

Une gestion pastorale et mécanique pour poursuivre la restauration et l’entretien des pelouses calcaires

Afin de lutter écologiquement et durablement contre l’altération et la disparition par embroussaillement progressif des pelouses calcaires, le pâturage et/ou la fauche restent les meilleures solutions sur l’ensemble des sites de l’ECG pour permettre le maintien des pelouses tout en les valorisant sur le plan économique. Ces actions de gestion sont déjà mises en œuvre sur l’ensemble des sites de l’ECG, le plus souvent dans le cadre d’un partenariat agricole. Parfois, quand les fourrés arbustifs sont trop denses, une restauration mécanique par broyage est nécessaire. C’est un préalable à la mise en place du pâturage qui permet aussi de reconnecter les pelouses et de favoriser la circulation des animaux.

Sur la Roche de Solutré et le Mont de Pouilly, il a été mis en place, depuis 2002, un pâturage d’entretien des pelouses. Des chevaux de race Konik-polski, des chevaux rustiques descendants du cheval Tarpan, constituent un très bon outil de gestion tout en offrant aux nombreux visiteurs un spectacle empreint d’histoire. Un plan de pâturage encadre l’opération conduite par de la commune de Solutré-Pouilly et le Grand Site.

 

 

 

 

 

 

Un choix de non intervention pour favoriser la naturalité des boisements feuillus

La gestion sylvicole influe directement sur l’expression et l’état de conservation des milieux et sur les potentialités d’accueil de la faune et de la flore. Selon la structure des peuplements forestiers (diversité des structures verticales, diversité de la végétation) et la présence de micro-habitats (bois mort, arbres dépérissant, cavités), des espèces spécialisées seront favorisées comme par exemple la Lucane cerf-volant et les chauves-souris, d’intérêt européen, mais aussi des mousses, lichens et champignons.

Pour permettre le développement de la biodiversité liée au vieillissement des forêts et aux arbres sénescents, il est préférable de ne pas ou peu exploiter les boisements de feuillus et les laisser évoluer librement. Seules quelques opérations de mise en sécurité peuvent être réalisées.

L’objectif est en tout cas de maintenir ou de développer des pratiques sylvicoles compatibles avec la préservation de ces milieux et espèces sans altérer les activités économiques qui y sont liées.

Une concertation permanente avec les acteurs locaux pour que chacun s’approprie les enjeux

Pour mieux préserver les richesses des sites, il est essentiel d’informer et d’impliquer les acteurs locaux dans les actions de gestion. Les réflexions conduites sur les sites sont donc menées en concertation avec les élus, l’animateur du site Natura 2000 (ici, le Grand Site) et les autres partenaires. Les comités de pilotage du site Natura 2000 sont d’ailleurs souvent l’occasion d’aborder les actions à venir en concertation avec les acteurs locaux.

Des suivis réguliers pour évaluer l’efficacité des mesures de gestion mises en place

Afin de gérer au mieux les milieux naturels, il est important de bien les connaître ainsi que la biodiversité présente sur le territoire et de suivre leur évolution en réponse aux mesures mises en place. Des suivis écologiques sont donc prévus pour évaluer l’évolution des milieux naturels, localiser et caractériser les stations d’espèces protégées ou patrimoniales et pallier le manque de données concernant certains groupes faunistiques plus méconnus. En effet, de nouveaux enjeux peuvent potentiellement être découverts.

Des suivis techniques en relation avec les partenaires sont aussi nécessaires pour les accompagner dans la gestion des sites et pour assurer une bonne réalisation des travaux programmés. Ces suivis et échanges avec les partenaires servent à assurer une traçabilité des opérations de gestion et la bonne mise en œuvre du plan de gestion dans le respect des préconisations. Cela permet également d’évaluer la gestion mise en œuvre et de l’adapter, l’ajuster ou la réorienter si besoin.

 

 

Les grands principes d’entretien des pelouses calcaires

Les chèvres du Lycée agricole de Davayé entretenant les pelouses de la Roche de Vergisson

Les chèvres du Lycée agricole de Davayé entretenant les pelouses de la Roche de Vergisson

– le pâturage extensif : la mise en place d’une gestion pastorale n’est pas si simple. Différents paramètres sont à considérer pour garantir une gestion optimale de ces milieux comme le choix du type d’animaux (moutons, chevaux…), la race, le nombre de bêtes, la surface à pâturer, le type de végétation présente, la quantité de la ressource fourragère, la fragilité des sols, les équipements pastoraux à prévoir (clôture, abreuvoir…), la période et la durée du pâturage… L’élaboration d’un plan de pâturage permet de définir les modalités d’intervention pour répondre à des objectifs agro-écologiques. Ce travail se fait en lien avec les partenaires agricoles ;

– la fauche : sur certains sites, une intervention mécanique peut être nécessaire et le recours à la fauche est envisageable. Là encore, des précautions sont à prendre comme la réalisation d’une fauche tardive effectuée en « cercles concentriques » du centre de la parcelle vers l’extérieur, ce qui permet à la faune de s’échapper.

 

3 partenaires agricoles différents :

– l’exploitation (Domaine des Poncetys) de l’EPL Mâcon-Davayé sur la Roche de Vergisson (pâturage caprin et fauche) ;

– Jean-Luc Bonnetain, éleveur d’ovin à Laizé (la Bergerie de Blany), sur le Monsard à Bussières (pâturage ovin) ;

– Gilles Protat, éleveur de bovins en bio à Sologny (Ferme de la Brosse), sur le Bois de Fée à Leynes (fauche).

 

 

Le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

Le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne est un partenaire fort du Grand Site. Il apporte son expertise ainsi qu’un appui technique et scientifique afin de répondre de façon pertinente, cohérente et adaptée, aux problématiques et enjeux écologiques des pelouses et milieux associés, orienter la bonne gestion des sites et encadrer les pratiques respectueuses de la nature (du broyage pour la restauration des milieux en 2000, jusqu’au pâturage et à la fauche aujourd’hui).

Depuis sa création en 1986, le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, association loi 1901 reconnue d’intérêt général, vise à préserver la biodiversité bourguignonne.

 

Ainsi, le Conservatoire se donne pour missions :

– de protéger les sites naturels au moyen d’acquisitions foncières et de conventions de gestion, sur lesquels il met en œuvre des études et des travaux de gestion des milieux en partenariat avec les agriculteurs et autres acteurs locaux ;

– de porter des programmes de préservation des milieux naturels bourguignons ou d’espèces à fort enjeu sur l’ensemble de la région et en collaboration avec de nombreuses structures ;

– d’accompagner les collectivités territoriales dans le déploiement de leur politique « biodiversité » ;

– de faire découvrir les espaces naturels remarquables et de sensibiliser les acteurs et le public à la protection de la nature.

Le Conservatoire gère plus de 150 sites, soit près de 4 000 ha, répartis sur la Bourgogne. Il s’agit de parcelles acquises par le Conservatoire ou de parcelles appartenant à des privés ou à des collectivités, et pour lesquelles la gestion a été confiée au Conservatoire via des conventions de partenariat. Les milieux concernés sont très variés : tourbières, landes, marais, prairies humides pelouses sèches calcicoles…

L’ensemble de ces sites constitue des milieux jugés d’intérêt écologique ou moins à l’échelle régionale, voire nationale ou européenne. Ainsi, la très grande majorité des sites est rattaché à Natura 2000 ou bénéficie d’un statut de protection ou d’un classement au titre des espèces ou des milieux naturels. Enfin, le Conservatoire est gestionnaire de trois des quatre réserves Naturelles Nationales de Bourgogne. En décembre 2013, l’Etat et le Conseil régional ont agréé le Conservatoire au titre de l’article L.414-11 du Code de l’environnement. Ainsi, ils reconnaissent l’intérêt de ses actions et affirment leur soutien à l’association.